Journée de la Femme

Parce que l’égalité des chances, c’est aussi l’égalité entre les hommes et les femmes, nous voulions partager avec vous le portrait de Léonie Simaga, femme et artiste accomplie.

Il y a quelques mois, Léonie Simaga a redonné les clés de sa loge à la Comédie-Française pour partir à l’aventure après dix années de bons et loyaux services, en tant qu’infante d’Espagne, jeune première dans les comédies de Molière, reine des Amazones ou même intervenante inspirée devant des lycéens de Bondy en Seine-Saint-Denis.

Son dévouement au théâtre, qu’elle n’a cessé d’interroger au nom de l’utilité sociale et politique que l’art devrait avoir selon elle, a laissé la place, en ces temps tourmentés, à une volonté toujours plus pressante de s’engager. Membre du comité de soutien du centre Primo Levi, qui apporte des soins aux victimes de tortures et de violences politiques, intervenante en milieu scolaire avec la compagnie de théâtre Et puis donc… il y a fort à parier que Léonie Simaga ne s’arrêtera pas là, puisque chez elle, la conscience politique le dispute si bien au talent dramatique qu’il est difficile de savoir qui sera le vainqueur.

Son art est d’ailleurs à la croisée de ces deux chemins : pour sa dernière mise en scène à la Comédie-Française, la seule comédienne métisse de l’institution a choisi Othello et a engagé pour le rôle-titre le seul comédien noir de la troupe Bakary Sangaré ; pour sa première grande apparition en dehors des planches, elle a choisi la série d’anticipation Trepalium qui se déroule dans un monde où le chômage touche 80% de la population. Engagée, vous avez dit engagée ? Que l’on puisse ne pas être aussi enclin que Léonie Simaga à ne voir l’art qu’à travers le prisme du politique n’empêche en rien (bien au contraire !) d’être touché par une comédienne qui, loin de s’en tenir à son parcours hors du commun, ne cesse de s’interroger sur le rôle qu’elle a à jouer dans une société en proie aux remises en question.

Manon VIGNAUD